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L’attachement : ces racines qui portent l’enfance

Si l’on observe un arbre, on est frappé par sa solidité. Son tronc robuste, ses branches qui s’élancent vers le ciel… Mais ce qui le rend vraiment fort, ce qu’on ne voit pas au premier regard, ce sont ses racines. Profondes, tissées dans la terre, elles lui permettent de résister aux tempêtes, de puiser l’eau et les nutriments nécessaires pour grandir.


L’attachement, c’est exactement ça. C’est l’enracinement d’un enfant dans la relation avec ses adultes de référence. Plus ces racines sont solides, plus il pourra s’épanouir, explorer et, un jour, se déployer en toute confiance.


Le psychologue Gordon Neufeld nous rappelle que l’attachement est un besoin vital, pas un luxe. Un enfant qui sait qu’il peut compter sur quelqu’un grandit en sécurité. Ce n’est pas en le poussant à l’indépendance qu’on le rendra autonome, mais en lui offrant des racines profondes.


Et ça, je le crois de tout mon cœur. L’attachement est un fil rouge qui traverse tout ce que je crée, tout ce que je partage. Parce que quand on comprend vraiment ce qu’est un lien d’attachement sécurisant, on réalise à quel point il peut transformer la vie d’un enfant… et celle de l’adulte qui l’accompagne aussi.


Ce que nous enseigne Neufeld : les racines de l’attachement


Selon l’approche développementale de Gordon Neufeld, l’attachement n’est pas une chose binaire. Ce n’est pas « présent » ou « absent ». C’est un processus qui s’approfondit, une relation qui s’enracine dans six strates successives, chacune préparant le terrain pour la suivante :


  1. Par les sens : Le contact, la proximité, l’odeur familière, le son d’une voix apaisante.

  2. Par les similitudes : Le sentiment d’être comme l’autre, de partager des goûts, des habitudes, des rituels.

  3. Par l’appartenance et la loyauté : Se sentir « à » quelqu’un, vouloir lui plaire, lui rester fidèle.

  4. Par l’importance : Se sentir spécial, précieux, compter plus que tout pour quelqu’un.

  5. Par l’amour : Aimer et se laisser aimer, ressentir cette chaleur du lien.

  6. Par le fait d’être connu : Être vu tel qu’on est, dans toute sa complexité, et accueilli ainsi.


Ces racines ne s’installent pas d’un coup. Elles demandent du temps, de la constance et de la présence. Et plus elles sont profondes, plus elles offrent un sol riche et stable où l’enfant peut s’enraciner. C’est dans cette sécurité-là qu’il pourra s’épanouir pleinement.


Un terreau fertile pour l’enfant


Un enfant qui se sent attaché sait qu’il a une base solide. Un sol riche où il peut s’ancrer, grandir à son rythme, sans crainte de perdre ce lien essentiel. C’est là qu’il apprend à faire confiance, à se laisser guider, à oser.

On entend parfois dire qu’il faut éviter de « trop les coller » pour qu’ils apprennent à se débrouiller seuls. Pourtant, la nature nous enseigne le contraire : ce n’est pas en arrachant un jeune arbre de ses racines qu’il deviendra plus fort. C’est en lui donnant le temps de s’ancrer, en l’arrosant, en l’entourant.


Et ce lien ne s’arrête pas après la petite enfance. Tout ne se joue pas avant 6 ans — même si ces premières années sont fondatrices. L’attachement continue d’évoluer bien au-delà. Un ado qui sait qu’il peut revenir à ses racines, un élève qui sent qu’un adulte croit en lui… ça change tout. On n’est jamais trop grand pour avoir besoin d’un sol stable sous ses pieds.


Le paradoxe de l’indépendance


On parle beaucoup d’autonomie dans notre culture. On veut que les enfants soient débrouillards, qu’ils gèrent leurs émotions seuls, qu’ils « grandissent vite ». Mais ce qu’on oublie souvent, c’est ce que Neufeld nomme le paradoxe de l’indépendance :

Ce n’est pas en forçant la séparation qu’on rend un enfant autonome. C’est en lui donnant une dépendance saine et sécurisante que l’indépendance pourra, un jour, émerger naturellement.

Un enfant profondément attaché est un enfant qui peut se détacher… parce qu’il sait qu’il peut revenir. La sécurité précède l’autonomie.


Comment nourrir ces racines au quotidien ?


  • Être présent, pleinement. Écouter, partager, accueillir sans attendre un « résultat ».

  • Cultiver la connexion. Un regard, un sourire, une main posée sur l’épaule… Les petits gestes nourrissent le lien.

  • Laisser le vent souffler, mais rester là. Un enfant a besoin de tester son autonomie en sachant que ses racines sont intactes.

  • Ne pas couper le lien dans la tempête. Les orages émotionnels font partie de la croissance. C’est souvent là que le lien a le plus besoin d’être solide.

  • Planter des graines d’amour qui durent. Des rituels, des mots doux, des souvenirs qui rappellent : « Je suis là, même quand tu ne me vois pas. »


Un écosystème d’attachement


Un arbre ne pousse pas seul. Il est entouré d’autres arbres qui l’aident à grandir, qui partagent avec lui leur ombre, leur force, leur protection.


C’est pareil pour un enfant. Son village d’attachement, c’est ce réseau de liens qui le soutient : parents, enseignants, éducateurs, grands-parents, amis. Nous sommes tous les arbres d’une même forêt, unis par nos racines communes.

Offrir un attachement solide, c’est donner un ancrage stable à l’enfant pour qu’il puisse, un jour, déployer ses branches vers le ciel. Parce qu’au fond, ce n’est pas l’autonomie qui mène à la sécurité. C’est la sécurité qui permet de devenir autonome.

Pour aller plus loin, j’ai créé un document téléchargeable : Cultiver l’attachement à travers le jeu, qui propose des jeux simples et concrets pour nourrir ces six racines au quotidien. Tu peux le retrouver juste ici :




Tu peux aussi écouter l’épisode du podcast La nature de l’enfance entièrement consacré à ce sujet.






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